Publication
LA
VENTE
EN LIGNE AUX PARTICULIERS |
La
vente en ligne aux particuliers
Par
Grégory NAUD,
avocat au Barreau de Vannes.
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Pour
l'essentiel, les dispositions spécifiques au
commerce électronique sont contenues dans les
directives européennes du 20 mai 1997 et du 13
décembre 1998, la loi du 1er août 2000
modifiant la loi du 30 septembre 1986 relative
à la liberté de communication audiovisuelle,
et, par anticipation, dans le projet de loi
" pour la confiance dans l'économie
numérique ", très récemment adopté
en deuxième lecture par le Sénat.
Il
existe par ailleurs un certain nombre de règles
impératives destinées à protéger le
consommateur et qui ont vocation à s'appliquer
à la vente électronique.
D'une
manière générale, une information aussi
complète que possible sur l'identité du
vendeur, sur les caractéristiques des produits
offerts à la vente et sur le mécanisme de la
vente en ligne, doit être privilégiée.
Une
étude plus approfondie du régime applicable
aux sites de vente en ligne aux particuliers
impose de distinguer plusieurs points.
Le contenu du site
Tout d'abord, un site de vente en ligne
s'adressant à des particuliers doit, s'il est
créé par une société établie en France,
comporter une version rédigée entièrement en
français.
Il
importe par ailleurs que les produits offerts à
le vente soient décrits de manière aussi
précise, claire et compréhensible que possible
(qualités qualitatives et quantitatives : mode
de production, nature, qualités substantielles,
composition, teneur en principes utiles,
espèce, origine, identité, quantité, aptitude
à l'emploi, modes d'emploi, marques spéciales
facultatives ou obligatoires…).
De même, les prix des biens doivent être
systématiquement indiqués, en précisant s'il
s'agit de prix incluant ou non les taxes et
frais de port.
En
tout état de cause, le montant des taxes et des
frais d'envoi devra être connu de l'acheteur
avant la validation définitive de sa commande.
La commande
La vente électronique constitue un contrat de
vente à distance au sens des dispositions du
Code de la Consommation.
Dès
lors, il importe que le client potentiel puisse
clairement identifier, avant toute prise de
commande, les éléments suivants :
-
les différentes étapes à suivre pour conclure
le contrat par voie électronique,
-
le moyen de paiement utilisé,
-
les modalités de livraisons,
-
en cas d'archivage du contrat, les modalités de
cet archivage et les conditions d'accès au
contrat archivé,
-
les moyens de consulter par voie électronique
les règles professionnelles et commerciales
auxquelles est éventuellement soumis le
vendeur.
La commande elle-même, outre les informations
traditionnelles concernant l'identité du
vendeur, de l'acheteur, les biens vendus et le
montant total de la transaction, devra
reproduire :
-
l'adresse de l'établissement du fournisseur où
le consommateur peut présenter ses
réclamations ;
-
les informations relatives au service après
vente et aux garanties commerciales.
Il
convient par ailleurs d'inclure de manière
apparente sur le formulaire de commande la
mention suivante :
"
Article L121-16 du Code de la Consommation : Le
consommateur dispose d'un délai de sept jours
francs à compter de la réception des biens
pour exercer son droit de rétractation sans
avoir à justifier de motifs ni à payer de
pénalités, à l'exception, le cas échéant,
des frais de retour. "
En
cas de rétractation, le client devra être
remboursé sans délai du montant total de son
achat.
Il
peut paraître prudent enfin de reproduire, dans
le formulaire de commande, le paragraphe qui
suit :
"
La validation de la commande implique de ce
simple fait l'adhésion entière et sans
réserve de l'acheteur à nos conditions
générales de vente ",
lesquelles
CGV devront être consultables via un simple
lien hypertexte, en plus de faire l'objet d'une
page spéciale sur le site.
La loi future imposera en outre de prévoir des
moyens techniques permettant à l'utilisateur,
avant la confirmation de sa commande,
d'identifier les erreurs commises dans la saisie
des données et de les corriger.
La
technique, désormais répandue, consistera à
ne rendre la commande définitive qu'après
plusieurs étapes de confirmation, du type 1er
clic : " je passe commande ",
2ème clic : " je confirme ma commande
".
Toute commande passée sur le site devra par
ailleurs être confirmée dans un délai
raisonnable par l'envoi au client d'un e-mail
reproduisant les caractéristiques essentielles
de la vente (produits vendus, prix total,
modalités de paiement et de livraison, délai
de livraison, droit de rétractation…).
J'attire votre attention, enfin, sur le fait que
la loi fait obligation au vendeur d'exécuter la
commande dans le délai de trente jours à
compter du jour suivant celui où le
consommateur a validé son achat.
Les envois publicitaires
S'agissant la pratique des
mailings, vous noterez que la future loi encadre
l'envoi de messages publicitaires à destination
des personnes physiques, en distinguant
les prospections faites auprès de simples
internautes de celles adressées à des clients
déjà identifiés.
Pour la première catégorie,
les publicités électroniques seront interdites
à moins que la personne n'ait au préalable
exprimé son consentement.
Il paraît donc judicieux de
prévoir, sur une page quelconque du site, une
case que chaque visiteur pourra cocher du type :
" Je souhaite recevoir par e-mail les
brochures et documents publicitaires de la
société… ".
Pour la seconde catégorie, la
règle est inverse puisque le vendeur pourra
adresser ses messages publicitaires à tout
destinataire dont les coordonnées auront été
recueillies à l'occasion d'une vente ou d'une
prestation de services, à la condition
toutefois que la prospection concerne des
produits analogues et que le destinataire se
voit offrir, " de manière expresse et
non dénuée d'ambiguïté ", la
possibilité de s'y opposer pour l'avenir, sans
frais, chaque fois q'un courrier électronique
de prospection lui sera adressé.
Les mails publicitaires
devront donc obligatoirement comporter une
option de desinscription.
Les mentions légales
Tout site internet de vente en
ligne doit comporter un certain nombre de
mentions légales, parmi lesquelles :
-
la dénomination du propriétaire,
-
sa raison sociale,
-
l'adresse de son siège social,
-
son numéro de RCS,
-
son numéro individuel d'identification
TVA,
-
ses coordonnées téléphoniques, de
télécopie, de messagerie électronique,
-
les coordonnées de son service après
vente,
-
l'adresse géographique à laquelle les
consommateurs peuvent adresser leurs
réclamations,
-
le nom du directeur de publication,
-
les coordonnées complètes de l'hébergeur.
S'agissant
de sites générant la création de fichiers
informatiques, je vous rappelle les dispositions
de la loi du 6 janvier 1978 imposant :
-
une déclaration auprès de la CNIL (pour
déclarer en ligne, voir www.cnil.fr/dec_online/accueil.htm),
-
un droit d'accès aux fichiers et de
modification, de rectification et de suppression
des informations qui y sont contenues, dont il
est judicieux d'informer l'internaute à
l'occasion des mentions légales.
La prudence impose par
ailleurs de préciser le caractère non
contractuel des photos ou illustrations des
produits offerts à la vente.
Les mentions légales peuvent
dès lors inclure la réserve suivante :
" La présentation des
produits, prises de vue ou graphismes reste
indicative et ne peut engager la responsabilité
du vendeur, ni même remettre en cause la
validité de la commande. "
Il peut paraître utile,
enfin, d'ajouter un paragraphe rappelant
l'interdiction, sans autorisation, de toute
reproduction des pages, données ou tout autre
élément de votre site comme constitutif de
contrefaçon.